Ou la dictature de la maigre...
Il est évident que l'on ne coupe pas au vêtement à la mode du moment, où que l'on aille il nous poursuit, nous traque, plus attentif qu'un Testo en rut, l'oeil plus aguerri que le pervers des plages, et surtout, toujours là où l'on ne s'y attend pas, ou plutôt, là où c'est si évident qu'il y sera, que finalement on ne s'en méfie plus. La mode est une bouche immense qui engloutit nos économies, une boulimique du pouvoir d'achat, un serpent qui attend que l'on souffle pour resserrer son étreinte autour de nos esprits (et accessoirement, de nos portes-feuilles). On voit tellement partout des choses hideuses que l'on finit par s'y habituer, on en viendrait même à les porter par désabus, par inattention ou par simple flemme de chercher autre chose.
La mode est la facilité des faibles d'esprit et des pleutres qui se laissent trop facilement happer par la masse, englués dans la peur d'être remarqué pour manquement à notre devoir d'assimilation.
Des feignants qui cèdent trop commodément à la facilité; car oui! pourquoi chercher quelque chose qui nous convienne lorsque l'on nous dicte la loi du beau, que l'on nous offre le prêt-à-penser de l'esthétisme, vautrons nous dans la soumission aux "couturiers", esthètes de la société, roulons dans la fange de l'inimagination, attendons qu'on nous apporte le sublime comme nourriture sur le plateau de l'argent.
Tombons le masque, le sublime des pages glacées laisse toujours un goût de bile en bouche, un relent de merde dans les naseaux, une pupille dilatée d'horreur et un cri déglutit de fond de gorge au fin fiond de l'estomac.
Quel exemple plus édifiant que le slim?
Cette chose, portée par tous, portée partout, que l'on ose appeler pantalon. Impossible à éviter, impossible de ne pas en porter. Il suffit de faire quelques boutiques pour s'en rendre compte, on ne vend que ça, vous ne pouvez acheter que ça, vous ne mettrez que ça, jusqu'à ce qu'on prenne la décision pour vous qu'il faut jeter tout à la poubelle et passer à la décennie suivante, qu'on avait plus exploitée depuis 20ans... Vous n'aimez pas? Courbez l'échine et adoptez la "Adam et Eve attitude"! Pensez "naked", pensez nature, parait que l'écolo aussi c'est à la mode. Décidement, encore elle, on n'y échappe pas!
Plions nous à la dictature de l'os, vénérons l'ère du fessier inexistant, idolâtrons l'annihilation de la forme généreuse, lapidons le bon sens et roulons nous dans le courant trouble et vaseux du sentiment d'appartenance.
Le slim, cette abhération, le pantalon du pauvre, une économie de tissu maximale, sur un corps décharné par la malnutrition. N'oublions pas de préciser qu'en plus d'être anorexique, le porteur du slim se doit d'être rachitique; pas question d'avoir du muscle, certes, mais évitons aussi d'avoir des hanches, sinon l'effet Orangina se ramène au grand galop, et le plus esthétique des corps en parait boudiné, atrophié dans cet espace trop petit, la croupe la plus fine en perd sa grasse (humhum) et passe pour un torse de déménageur. Qui plus est, afin de rajouter un effet comique à la destruction du plus agréable des physiques, portons le avec des chaussures plates, afin d'avoir l'air d'un vacancier ayant oublié d'enlever ses palmes à son retour de St-Cricq-les-Moules. Le plus petit des 32 passe aisément pour un 40, mais qu'importe puisque nous avons tous l'air de clowns?
Résumons nous, pour être l'incarnation de la grâce en slim il faut être foutu(e) comme un(e) gamin(e) de 12ans pas encore formé(e) (ça marche aussi pour les garçons, même si, évidemment, il ne s'agit pas du développement des os mais touche bien à la faculté de pouvoir ou non perpétuer la race des obturés de la vue) se nourrir uniquement de bouillon et ne jamais faire de sport, avoir les pieds aussi longs que la largeur du bas du pantalon, être muni d'un chausse pied pour l'enfiler, d'un ciseau pour le retirer.
Il m'a été donné de voir beaucoup de spécimens en slims, - que dis-je, en France on ne voit que ça!- or, aucun n'avait une quelconque ressemblance avec l'idée que je me fais de quelqu'un d'agréable à regarder, à l'aise dans ses vêtements, choisis avec goût et discernement. Tout ce que j'y ai vu c'était des gens étouffés de la cuisse, qui paraissaient énormes même taillant du 36 fillette. Faut arrêter, ce genre de vêtement ne va qu'à très peu de personnes, et ne sont certainement pas coupés pour les "vraies femmes" (ma conception de la femme n'étant pas très évoluée et s'arrêtant à une ligne de galbes harmonieuses et chantantes, cela englobant donc les "grosses" -comprenez par cela le profil que l'on veut que nous assimilions à une femme grosse, c'est à dire, des jambes qui comportent des rondeurs, pas un trombone déplié portant encore la marque du genou que l'on n'a pas réussi à lisser complètement. Un petit ventre n'est pas de refus. et surtout, l'important c'est d'être bien avec soi même, pas avec le regard des autres, même si trop peu réussissent à les différencier)
A force de matraquage publicitaire, on en vient à confondre: équilibré et gros, minceur et anorexie, beauté et similitude.
La beauté n'est exceptionnelle et remarquable que dans son unicité.